Il aurait fallu que quelqu’un nous sépare pour que Laura et moi nous arrêtions de nous comporter comme des ados qui découvrent, non seulement l’amour, mais aussi les plaisirs charnels. Nous étions montés à bord du bateau de la sensualité. C’était trop tard pour demander à en être débarqués. C’était trop tard pour vouloir en descendre. De toute façon, nous n’en avions aucune envie. Nous y étions tellement bien.
Laura avait tiré la clenche de la porte vers le bas, et la porte s’était ouverte. Laura avait ensuite appuyé sur l’interrupteur situé tout près de la porte. Elle semblait bien connaître cette maison… Elle avait dû y être allée au moins une fois… C’était ce que je me disais. Il ne pouvait pas en être autrement. Mais, ça, c’était secondaire, comparé à la magie du moment. Cependant, j’avais encore en tête, ce moment où Laura m’avait demandé de «rester sage» et qu’elle m’avait bandé les yeux, le temps qu’elle se déshabille et qu’elle se pare de cette excitante parure de lingerie en dentelle, couleur bleu poudre.
Laura était comme chez elle… sauf qu’elle ne l’était pas. Nous étions en train de nous donner en spectacle, en toute intimité, dans la maison de ses amis. Nous avions occulté depuis longtemps ce détail. Nous étions, nous le savions au plus profond de nous, sur la même longueur d’onde. Ça en était une certitude à présent, et nous ne nous posions plus la moindre question. Nous savourions juste le moment.
À peine avait-elle appuyé sur le bouton de l’interrupteur qu’elle m’avait déjà pris d’assaut. Je ne m’y attendais pas. Elle m’a pris par surprise : elle a passé ses bras autour de mon cou et elle m’a donné un doux baiser. D’instinct, j’ai serré Laura contre moi et j’ai posé mes mains sur la chute de ses reins. Elle s’est mise à se frotter contre moi. Elle en haletait déjà…
Elle me maintenait fermement contre elle et me retenait prisonnier. Le désir l’embrasait définitivement et avait pris possession d’elle. Elle ne calculait plus les gestes qu’elle fais ait. Elle m’embrassait… Elle m’embrassait et elle ne semblait pas vouloir s’en lasser.
– Hmmmm… Benoit… Hmmm… Tu es à moi, et je compte bien en profiter… J’aime t’embrasser, je le veux. Je TE veux.
Ses bras étaient restés autour de mon cou, et, ainsi, elle me maintenait près d’elle. Elle me présentait sa langue, et en retour, je lui ai présenté la mienne. Nos langues se sont de nouveau rencontrées et se sont mises à danser toutes les deux. Laura et moi avons émis des râles pour nous signifier à l’un et l’autre que ça nous faisait du bien et que nous en tirions du plaisir. Nous laissions le désir… NOTRE désir s’exprimer, ni plus ni moins. Nous nous roulions une pelle, et rien ni personne n’allait nous empêcher de nous donner en ébats. Nous étions en train de mettre en scène notre désir… sauf que ce n’était que pour nous. Nous étions les réalisateurs, les acteurs et les spectateurs de ce film que nous tournions, sans pellicule ni numérique.
– Benoit…
Je revenais sur Terre, et j’avais à présent conscience que Laura avait posé ses deux mains sur mon torse. Mon torse était nu depuis qu’on était rentré dans cette maison et que Laura avait soudainement laissé son désir éclater au grand jour. Le désir s’embrasait en elle, et elle n’avait plus la moindre envie de lutter. Son désir, c’était que je la fasse mienne et que je sois à elle en retour. Ça, elle s’en souciait. Le reste…
Elle explorait mes pectoraux avec ses mains : ces pectoraux dont je m’étais occupé, comme mes épaules, pendant des heures, à la salle de gym, avec soin. Ses doigts se promenaient sur moi et je la laissais faire en toute impunité. Je n’y voyais pas la moindre objection. Bien au contraire…
Quand soudain…
– Tu as vu comment je suis, Benoit ? Je suis presque à poil ! Et toi, tu es encore en pantalon ! C’est pas juste, quoi ! Nous devons être à égalité ! Tu vas me faire le plaisir d’enlever ce jean sur le champ, ou bien c’est moi qui me ferai un plaisir de le faire, et crois-moi… ce sera tout sauf une tâche désagréable. Hmmm...
Son «hmmm...» avait fini de m’achever et de me mettre à genoux, à ses pieds. Cependant, même si je savais que c’était cuit pour moi, je voulais bluffer et jouer encore un petit peu avec elle.
Je lui ai tiré la langue, délibérément. Je savais parfaitement ce que je faisais, et j’espérais, un petit peu, la piquer au vif. Lui faire comprendre que moi aussi, je pouvais jouer, en dépit de mon inexpérience.
– Alors, comme ça… tu veux jouer, Benoit ? C’est pas bien de jouer avec moi, tu sais ?
Elle a accompagné ces mots d’une moue. Elle faisait semblant de faire la moue, je le savais.
– Ta bouche, Laura...
– Même pas en rêve, Benoit.
– Je voulais juste te donner un baiser pour me faire pardonner d’avoir osé jouer avec toi, Laura. Mais bon… Vu que c’est «même pas en rêve», comme tu dis...
C’était à mon tour de faire semblant de faire la moue.
– Pas de bisou, pas de pantalon en moins… C’est comme ça.
Laura me regarda avec des yeux ronds.
– Tu veux vraiment jouer à ça avec moi, Benoit ? T’es sérieux ? Je te rappelle que je suis juste en petite culotte et que toi, t’es que torse nu.
– Dis comme ça, Laura… Hmmm...
Je voulais vraiment me donner les moyens de tenter et de séduire cette jeune femme, à mon tour. Je voulais être un Adam, beau comme un dieu, toutes proportions gardées, et qui tenterait sa Eve. Même pas besoin d’un fruit défendu. Laura avait révélé au grand jour ce que j’avais de beau en moi.
– Dis, Benoit… Tu veux bien enlever ton pantalon, s’il te plaît ? Pour moi...
On n’entendait plus de musique depuis un petit moment, et là, à CE moment, un musique sortit d’une enceinte. Pourtant, Laura était toujours tout contre moi. Bizarre...
Love at First Sight de Kylie Minogue...
– J’ai craqué pour toi, Benoit. Je n’ai rien pu faire...
La voix de Laura se brisa soudainement en un sanglot. J’ai alors regardé Laura dans les yeux et j’ai constaté que ses yeux étaient humides. De toutes fines larmes s’y formaient. Laura était en train de rendre les armes. Cette jeune femme, on en mangerait, venait de laisser tomber ce qui avait semblé être une armure, et, à présent, elle était à nu. Cent pour cent à nu…
– Benoit...
Elle sanglotait. Laura était à nu, et laissait voir sa face cachée, sa fragilité, sa faille, sa fosse des Mariannes insoupçonnée.
C’était bouleversant. Elle mettait mes tripes à nu. Les larmes coulaient à présent. J’avais soudainement mes couilles à nu. J’étais tout nu, à mon tour. J’étais bouleversé. Un peu pas mal, mal à l’aise.
– Laura… Laura… Laura… Je… Je… Je… Je ne voulais pas...
Laura me regarda et me sourit, même si ce n’était qu’un vague sourire. L’émotion et les larmes dominaient ce sourire.
– Je suis amoureuse de toi, Benoit. Depuis un certain temps, maintenant. Ne me demande pas… Ça ne s’explique pas. Ou peut-être que si… Je le sais au plus profond de moi, c’est tout.
J’ai posé ma main sur sa joue et je l’ai regardée dans les yeux. J’ai posé mon front contre son front. Je lui ai souri. Nous étions tellement proches. Ça me prenait aux tripes.
Whataya Want from Me d’Adam Lambert...
Ça n’avait rien d’un duel. Nous n’étions plus que deux âmes, deux bouches, deux corps, deux cœurs, deux sexes, au service d’une seule et unique sensualité, d’un seul et unique amour naissant. Nous nous laissions aller. Nous étions nous.
Je me suis alors détaché de notre étreinte. Laura m’a de nouveau regardé avec des yeux ronds :
– Qu’est-ce que tu fais, Benoit ? Pourquoi tu te détaches alors que je viens de t’avouer mon amour ? Je te plais plus, c’est ça ???
La voix de Laura est devenue aiguë parce que Laura semblait avoir été blessée. C’était comme si elle avait hurlé en disant ça.
– Chut, Laura… Chut…
J’ai posé le bout d’un doigt sur sa bouche, pour lui faire comprendre qu’elle se taise et qu’elle me laisse parler. J’ai caressé ses lèvres du bout de ce doigt. J’ai regardé Laura à la dérobée et j’ai remarqué que Laura avait fermé les yeux. Elle aimait que je caresse ses lèvres pêche de cette manière.
J’ai alors ouvert le bouton de mon jean. Puis, j’ai abaissé la fermeture éclair. Je voulais faire en sorte que Laura entende le bruit de cette fermeture éclair que j’abaissais. Cette fermeture éclair, abaissée, qui était, toutes proportions gardées, une frontière qui volait en éclats. Une frontière qui n’existait plus, soudain.
Il ne devait plus y avoir de frontières. Les frontières ne servaient plus à rien entre nous deux. Nous nous désirions. Nous avions envie, l’un comme l’autre. Nous avions envie, l’un de l’autre. C’était tout ce qui comptait. Le reste…
J’ai regardé Laura et je lui ai souri. Elle m’a souri en retour. Même si je ne pouvais pas le voir, je sentais mes yeux briller. Ma jolie rousse continuait de me sourire, et a posé une main sur ma joue. C’était comme si c’était le plus beau jour de sa vie.
– Benoit ! Tu es à moi, et je compte bien en profiter...
Elle m’a saisi les fesses et m’a rapproché d’elle. Elle a descendu le pantalon le long de mes jambes. Je l’ai enjambé. Moi aussi, j’étais presque tout nu. Je ne portais plus que mon boxer...