À première vue, Laura ne semblait plus être capable de me surprendre parce que je m’étais à priori habitué. Et pourtant… Quand elle posa sa main sur mon cou, quand nos lèvres se rencontrèrent et se touchèrent, elle prenait bien soin de ne pas me brusquer. Elle avait de l’emprise sur moi, et elle le savait. Elle en avait parfaitement conscience, mais elle n’en abusait jamais. Ou bien… Elle en abusait, mais par toutes petites touches, pour que je réagisse positivement et agréablement. Oui, peut-être qu’elle en abusait, mais elle connaissait mes limites. Elle avait peut-être su voir l’adolescent que j’avais pu être à travers l’homme que j’essaie d’être aujourd’hui. Elle sentait que j’avais besoin de tout un contexte pour n’appartenir qu’à ELLE. Elle ne jouait pas les allumeuses, comme bon nombre de ces collégiennes, lycéennes et autres jeunes femmes dont j’avais malheureusement fait la connaissance, au fil des années.
Un petit sourire… Une main sur mon cou ou bien sur mon visage… De tendres mots doux, délicieux et savoureux, audacieux parfois, chuchotés à mon oreille… Laura savait ce qu’il fallait faire pour me rassurer… et m’exciter, pour que je me sente en adéquation avec elle. Et pourtant… Me sachant maintenant sans expérience, mais curieux, elle eut envie de prendre son temps, et sut le prendre. Elle sut contenir, un temps, le désir de plus en plus irrépressible qui avait pris possession d’elle. Elle se savait trempée. Elle n’attendait plus que moi, que le contact de mes doigts et de ma bouche sur elle, en elle. D’habitude, la plupart du temps, c’est un homme qui tourne autour d’une femme, nous sommes d’accord? Là, les rôles étaient inversés. Elle me tournait autour, et j’étais sa proie, sa chasse gardée.
Plus le temps défilait, et plus ma résistance pliait et rompait. Laura posait la main sur mon cou. Sur mon visage. Tenait mon visage entre ses mains, comme pour savourer l’instant qu’elle partageait avec moi. Elle me caressait les cheveux, et glissait sa main en eux. Elle laissait balader ses mains plus bas: dans mon dos, sur mes fesses. Sur ma queue. Je me foutais par-dessus tout de mon groupe de rock. Des paroles que j’écrivais. De ces chœurs que j’assurais sur scène. Là, j’avais chaud. Ma queue- je le sentais - n’avait jamais été autant en fête, en verve. Même Stéphanie ne m’avait pas autant fait bander, d’aussi loin que je me souvienne. Laura, elle, avait conscience, de plus en plus, qu’elle avançait en terrain conquis. Je souriais. Elle gloussait au fur et à mesure qu’elle me touchait partout. Je profitais de l’instant. Je SAVOURAIS L’INSTANT.
– Benoit… Quoique ces filles t’ont dit ou fait, je ne suis pas comme elles. Il faut que tu le saches. Je suis honorée d’être celle à qui tu es sur le point d’offrir ta première fois. J’en mouille ma petite culotte, mais j’en ai presque les larmes aux yeux. Car c’est toi que je veux, et pas un autre que toi. J’aimerais juste que tu te lâches, que tu t’abandonnes et que tu savoures l’instant. Je veux faire de ta première fois un souvenir que tu ne vas pas être près d’oublier et que tu ne voudras pas oublier. Je n’ai jamais voulu jouer avec toi. C’est juste que tu me plais. Je ne sais toujours pas grand-chose sur toi, et je ne sais pas tout de ce que tu peux encore cacher. Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi tu es sur la défensive, sur la réserve, à douter autant de toi. Je veux dire… Regarde-toi! Tu es beau. Tu as plus de classe que tes copains de scène. Tu ne m’as pas sauté dessus… Tu n’y es pas allé la main la première sur mes seins ou sur mes fesses. Je sais déjà que tu prendras soin de moi, et que j’aurai du plaisir. Oh mon Benoit! Qu’est-ce qu’elles t’ont fait pour que tu sois si peu sûr de toi? Tu n’as aucune honte à avoir de toi-même. Tu es beau à l’intérieur comme à l’extérieur, et si je suis avec toi, c’est que…
Elle réfléchit.
– C’est que je me sens bien avec toi et que tu me fais vibrer. Si, si, je t’assure! Tu n’en as pas conscience mais j’ai chaud, moi aussi. Une chaleur est née sous ma culotte. Et quand tu découvriras ma poitrine, tu verras… Et tu comprendras ce que je veux dire par là. Tu as eu droit à des "Je préfère qu’on reste amis…", c’est ça? Elles n’ont pas cherché à savoir ce que tu pouvais bien cacher, et… donner, c’est ça? Moi, trop de fleurs, de chocolats, et trop de délicatesse, c’est pas pour moi, je te préviens, mais… Derrière tant de pudeur et d’humilité, je ne m’imaginais pas tant de douleur et tant de secrets. Oh…
Elle essaie de réprimer un sanglot, mais elle n’y arrive pas.
– Laura… Si tu voudrais qu’on s’arrête là, je comprendrais. Je ne suis pas pour toi. Un colosse. Un mec. Comme ces acteurs porno. Je n’ai que des pieds d’argile. Pas étonnant qu’aucune fille n’ait craqué pour moi pendant toutes ces années. Je ne suis pas pour toi. Tu devrais me planter là, et m’oublier…"
Elle m’a interrompu.
– Chut, chut, chut…
Elle m’a embrassé.
– Ne dis rien… Tu es fait pour moi. Tu ne te la pètes pas. Quant à ces mecs qui se prennent pour des acteurs porno, crois-moi, j’en ai connu quelques-uns, au lit. Et je n’y ai pas pris le moindre plaisir. Ils ne pensent qu’à eux. Toi… Quelque chose me dit que ton fantasme est de donner du plaisir à ta partenaire de jeu avant de penser au tien, c’est ça? Tu n’es que pure sincérité. Dans ce monde actuel, ce serait tabou. Pourtant, je suis sûre que des femmes rêvaient de tomber sur quelqu’un comme toi. Mais moi, je suis chanceuse, car tu… es… à… moi. Tu… m’appartiens. Et je compte bien en profiter. C’est toi que je voulais. C’est toi que je veux. Toi, et toi seul. Toi, et toi seul dont les yeux se ferment quand les paroles sont intimes. J’étais une parmi des millions de femmes, mais tu m’as touchée. Et visiblement, tu m’as choisie puisque tu m’as laissée te caresser et te sucer…
– Laura…
– Chut… Ne dis rien… Tu caches beaucoup de choses, et je ne suis pas qu’une amoureuse transie. Je n’ai pas envie de passer que des moments cul-cul la praline, avec toi. Hmmmm…. Abandonne-toi, Benoit! Fais le vide dans ta tête… Je ne suis pas une fan dans la foule de vos concerts. Je veux que tu me fasses l’amour, et que je veux te sentir t’abandonner pour que tu puisses prendre ton pied avec moi.
Sur ce, elle passa sa main sur l’ourlet de mon T-Shirt. Elle le passa au-dessus de ma tête, et me le retira. "On enlève ça, d’accord?" Il n’était plus question de paroles ou de mélodies. Il n’était plus question que de deux personnes, se rendant désir pour désir.
Because the Night de Patti Smith: Laura, la tête la première, plongea en direction de mon visage. Elle prit mon visage entre ses mains, et picora mes lèvres. Elle trouva ma langue. Plus elle descendait, elle trouva successivement mon cou, ma gorge, puis ce fut au tour de mes tétons. Elle y passa les doigts. Elle les pinça. Puis, elle y posa les lèvres, et la langue. J’émis un gémissement. Je haletai. Je m’abandonnai à la caresse. Je m’abandonnai tout court, au fur et à mesure que la "petite" rousse poursuivait sa progression vers le sud.
– Laisse-moi t’entendre, Benoit… J’aime t’entendre. Parce que ça m’aide à savoir si ce que je te fais te fait de l’effet. Et visiblement, c’est le cas. Hmmmm… Mes rêves les plus secrets et les plus inavouables deviennent réalité, et je ne compte pas m’arrêter. Tu… es… à… moi.
Sourire diabolique aux lèvres, ses mains continuaient de descendre. Sur mon thorax… Sur mes abdominaux… Sur mes flancs… Sur le bas de mes reins… Puis, jusqu’au pubis. Sa langue, elle, jouait un peu avec mon nombril. Ses doigts, elle s’amusait à les faire glisser sur mon pubis. Même sourire diabolique aux lèvres qu’il y a quelques instants, ses mains s’emparèrent de mes fesses.
Elle posa ensuite ses mains sur la boucle de ma ceinture, et s’apprêta à l’enlever… Sourire diabolique aux lèvres, et regard plein de défi: elle me fit comprendre qu’elle n’était plus là pour "jouer". Elle allait, d’un instant à l’autre, passer aux choses sérieuses, passer à l’attaque… et j’aimais ça.
Mais je la pris de court en posant mes mains sur sa taille. Une main ensuite posée sur sa joue, de l’autre main, un doigt touchait ses lèvres. Elle ouvrit la bouche, et mordit mon doigt. J’étais prêt à lui rendre la monnaie de sa pièce...
You Came de Kim Wilde...
J'allai à la rencontre de ma Laura. J'allai la "prendre" à son propre jeu...